Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/115

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— Grand’merci, sire, dit Huon ; j’ai grand’peur de n’être pas digne d’y boire, et cependant je me suis confessé naguère au pape de Rome ; j’ai reçu l’absolution de mes péchés mortels, et je n’ai dans mon cœur de haine pour personne.

Il s’approche, il prend le hanap plein de vin et le vide d’un trait.

— Huon, dit Auberon, je connaissais ton cœur, je savais que tu étais prud’homme : je t’aiderai ; compte sur moi. Je te donne le hanap ; mais sache que si tu dis un seul mensonge, tu perdras aussitôt et sa vertu et mon amitié.

— Sire, dit Huon, je m’en garderai. Et maintenant, je vous demande congé.

— Attends encore, dit Auberon ; j’ai un autre présent à te faire. Prends ce cor d’ivoire aux bandes d’or et passe-le à ton cou. Quand tu en sonneras, il n’y aura nul qui l’entende qui ne se mette à chanter et à danser, et dans quelque lointain royaume que tu sois, j’entendrai ton appel à Monmur, ma cité, et je viendrai aussitôt à ton secours