Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/13

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dulations de « vielle » dont le jongleur les accompagnait. Aussi son récit est-il prolixe et chargé d’inutilités et de redites ; il présente, dans les descriptions, dans les combats, dans les discours, des longueurs qui, apparemment, ne déplaisaient pas au douzième siècle, mais qui fatigueraient au dix-neuvième ; enfin il n’est pas exempt de négligences, d’inadvertances, de petits oublis et même de contradictions. Mais il est toujours animé, vif, plein d’entrain et de mouvement ; il abonde en tournures heureuses, en expressions trouvées : on sent qu’en écrivant ce poème l’auteur s’est amusé tout le temps, et c’est ce qui fait que son poème nous amuse encore. Il a suffi de suppressions assez largement pratiquées et de quelques discrètes retouches pour pouvoir le présenter aux lecteurs contemporains tel à peu près, moins l’agrément des vers, que l’ont connu leurs aïeux du moyen âge. Puissé-je n’en avoir pas trop effacé la saveur franche, la grâce alerte et l’allure primesautière !

Je destine ce renouvellement de Huon de Bordeaux à la jeunesse française, et cette destination m’a imposé quelques autres retouches, d’ailleurs de bien peu d’importance. Je serais très heureux si, grâce à mon modeste travail, — auquel j’ai pris, je le crois bien, autant de plaisir que le vieux poète en avait pris au sien, — cette charmante et toute française histoire retrouvait auprès de nos enfants la vogue dont elle a joui jadis auprès de nos pères. Ceux-ci étaient, au regard