Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La belle chancelle ; elle est prête de tomber.

— Vous a-t-il fait mal ? dit l’amiral.

— Sire, dit-elle, j’en guérirai.

Elle appelle une de ses femmes.

— Sais-tu, dit-elle, ce qui m’a ainsi fait défaillir ?

— Non, par Mahomet.

— Ah ! dit Esclarmonde, sa douce haleine m’a pénétré le cœur. Si je ne l’ai pour mari, je n’en aurai jamais d’autre.

Huon retourne vers la table et parle ainsi à l’amiral :

— Sire amiral, je ne crois pas en votre Dieu, mais en celui qui a été crucifié pour nous ; je suis né du noble pays de France et je suis homme lige de Charlemagne. L’empereur est très courroucé contre vous ; car il n’y a prince au monde, d’Orient en Occident, tant que s’étend mer et qu’éclaire le soleil, qui ne lui rende hommage excepté vous. Or il vous mande que jamais, depuis le jour où il perdit Roland et Olivier à Roncevaux, ce qui