Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/195

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rusalem. Il vous les envoie pour votre amusement : faites-les emprisonner jusqu’à la Saint-Jean prochaine ; ce jour-là, on les mettra dans cette grande prairie, vous les donnerez comme cible à vos archers, et celui qui tirera le mieux gagnera un prix. Quant à cette demoiselle, vous la mettrez avec votre fille et elle lui apprendra à parler le beau français.

— Très bien, dit l’amiral. Et comment t’appelles-tu, beau neveu ?

— Tyacre, répondit Géreaume.

— Eh bien ! Tyacre, je vais te donner les clefs de ma grande prison ; enfermes-y ces Français, mais fais attention à ce qu’ils aient bien à manger et qu’ils ne se laissent pas mourir de faim et de misère comme a fait un jeune bachelier que m’avait envoyé Charlemagne. Il s’appelait Huon, je crois.

Géreaume l’entend, le sang lui monte au visage : il faut qu’il épanche sa douleur et sa colère. Il lève le bâton qu’il tenait à la main et frappe à grands coups sur les