Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/209

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Ç’aurait été grand dommage si je l’avais tué. Va, jeune homme, que Mahomet te protège, et si le Dieu que tu adores vaut mieux que Mahomet, puisse-t-il te ramener sain et sauf !

Huon s’avança vers le champ clos établi au milieu du pré ; mille Sarrasins le gardaient pour qu’on ne pût faire trahison.

— Vassal, lui cria le géant quand il le vit approcher, qui es-tu et de quelle race ? Appartiens-tu à l’amiral Gaudise ?

— Dieu m’en garde ! dit Huon. Je suis de douce France, et c’est moi qui ai tué ton frère.

— Par Mahomet ! il faut que tu sois un vaillant homme. Abandonne ton Dieu, prends le mien, et viens avec moi en Orient : je te ferai seigneur d’un grand pays et je te donnerai un présent plus riche encore, ma sœur germaine ; elle est plus grande que moi, elle est noire comme de l’encre et elle a les dents longues d’un pied.

Ma foi, dit Huon, que le diable l’é-