Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/44

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disse ! Pourquoi as-tu tué mon frère Gérard ?

— Votre père m’a enlevé trois châteaux, répond Charlot, mais je n’ai pu me venger de lui. J’ai tué ton frère, et je vais en faire autant de toi.

— Cela dépend de Dieu, répond Huon.

— Je te défie à mort, dit Charlot. Garde-toi, je vais te frapper.

La lance baissée, l’écu au bras, il s’élance contre Huon. Huon était en mauvais point, car il n’avait ni haubert ni écu, mais il avait son brand fourbi. Écoutez ce qu’il fit : il prit son bon manteau d’écarlate et il l’enroula autour de son bras, puis il tira l’épée de Seguin, son père. Charlot fond sur lui : sa lance passe sous le bras que protégeait le manteau, elle perce la fourrure d’hermine et le bliaud de soie et la chemise de lin, mais Dieu ne voulut pas qu’elle atteignît la chair : elle glissa entre les côtes et la fine toile. Emporté par son cheval, il passe devant