Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/93

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— Seigneurs, dit Huon, voyez cet homme avec cette grande barbe : je ne sais trop s’il croit en Dieu ; pourtant je vais lui parler.

Il s’approcha de lui.

— Prud’homme, lui dit-il, que le Dieu qui a versé son sang pour les pécheurs protège votre corps et votre âme !

Quand le vieillard l’entendit, il jeta ses outils, accourut vers Huon, lui saisit la jambe et baisa plus de vingt fois son soulier.

— Sire damoiseau, s’écria-t-il, que Dieu vous mette en joie ! Voilà plus de trente ans que je vis dans ce bois, et vous êtes le premier homme croyant au vrai Dieu que j’y rencontre. Mais plus je vous regarde, et plus mon cœur se sent troublé, à cause d’un noble baron à qui vous ressemblez tant. Il s’appelait Seguin de Bordeaux.

— Ami, dit Huon, vous avez connu le bon duc Seguin ?