Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/103

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» L’heure du dîner vint. Au milieu de la table était d’un côté madame d’Épinay, de l’autre M. de Villeneuve ; ils prirent toute la peine, et de la meilleure grâce du monde. Nous dînâmes splendidement, gaiement et longtemps. Des glaces ; oh ! mes amies, quelles glaces ! C’est là qu’il fallait être pour en prendre de bonnes, vous qui les aimez.

» Après dîner, on fit un peu de musique…

» Nos chasseurs revinrent sur les six heures. On fit entrer les violons, et l’on dansa jusqu’à dix ; on sortit de table à minuit ; à deux heures, au plus tard, nous étions tous retirés… »

La compagnie du Philosophe était devenue pour madame d’Épinay un véritable besoin. C’est avec lui qu’elle s’épanchait. En ce moment même, Grimm lui causait bien des tourments : sans qu’elle eût rien de grave à lui reprocher, elle craignait qu’il ne l’aimât plus autant ; elle s’apercevait qu’il était moins exact et toujours affairé ; s’il venait à la Chevrette, c’était pour en repartir précipitamment. Diderot remarquait tout cela, et il écrivait à Sophie : « À peine si je peux l’y rencontrer ; il arrange si bien tous ses voyages, qu’il retourne quand j’arrive ; et puis, il est si enfoncé dans la négociation et les mémoires, qu’on ne lui voit pas le bout du nez. Il ne lui reste presque pas un instant pour l’amitié, et j’ignore quand l’amour trouve le sien. »

Grimm, à qui sa liaison avec madame d’Épinay ne paraît pas avoir fait oublier le soin de sa for-