Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/107

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alors deux petites filles[1] en nourrice à Chenevières, près d’Amboile ; c’était pour le baron et pour Diderot, tous deux bons marcheurs, un but de promenade. Souvent, ils suivaient le cours de la Marne, depuis le pied de leurs coteaux, et allaient jusqu’à Champigny. Diderot décrivait ainsi à son amie ce paysage : « Champigny couronne la hauteur en amphithéâtre. Au-dessous, le lit tortueux de la Marne forme, en se divisant, un groupe de plusieurs petites îles couvertes de saules. Ses eaux se précipitent en nappes par les intervalles étroits qui les séparent. Les paysans y ont établi des pêcheries. C’est un aspect vraiment romanesque. Saint-Maur, d’un côté, dans le fond ; Chenevières, de l’autre, sur les sommets ; la Marne, des vignes, des bois, des prairies entre deux. L’imagination aurait peine à rassembler plus de richesse et de variété que la nature n’en offre là. »

Plus loin, dans la même lettre du 30 octobre 1759, Diderot donne à Sophie l’aperçu d’une scène d’intérieur au Grand-Val. Ce tableau fait le pendant de la description que nous avons vue d’une journée à la Chevrette : « Nous voilà dans le salon, les femmes étalées sur le fond, les hommes rangés autour du foyer ; ici on se réchauffe, là on respire. On est encore en silence, mais ce ne sera pas pour long-

  1. L’une des filles du baron a épousé le marquis de Chatenay, l’autre, le comte de Nolivos. M. et madame d’Holbach eurent aussi deux fils dont Lagrange, le traducteur de Lucrèce et de Senèque, a été le précepteur. L’un entra dans la magistrature : l’autre dans l’armée.