Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/115

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leur général, qui était pour eux le vieux de la montagne. Leur régime n’est que le machiavélisme réduit en préceptes. Avec tout cela, un seul homme, tel que Bourdaloue, pouvait les sauver ; mais ils ne l’avaient pas. »

Quant à Voltaire, il ne se montrait pas aussi satisfait : il pensait que les autres ennemis des philosophes, n’étant plus tenus en échec par les jésuites, allaient acquérir plus de force, et, par conséquent, devenir plus redoutables. En un mot, il craignait, autant que les molinistes, les jansénistes et les parlementaires. Dans une lettre à Helvétius, du 11 mai 1761, il manifestait déjà ces sentiments d’une manière énergique : « Est-ce que, disait-il, la proposition honnête et modeste d’étrangler le dernier jésuite avec les boyaux du dernier janséniste, ne pourrait amener les choses à quelque conciliation ? »

Dans l’intéressant ouvrage où Duclos a raconté son voyage en Italie[1], ce penseur apprécie avec sa perspicacité habituelle, l’ordre de bannissement des Jésuites, ainsi que ses résultats. « Je trouve cette expulsion raisonnable, dit-il, pourvu qu’on ne s’en tienne pas là… Le parlement, auteur ou instrument de leur ruine, en a hautement triomphé. L’université qui recueille leurs dépouilles, le corps des gens de lettres, quoique la plupart leurs élèves, mais que la société, ne pouvant asservir, avait décriés et cherchait à rendre suspects sur la religion, ont applaudi. Tous les jansénistes de dogme ou de parti,

  1. Entrepris le 16 novembre 1766.