Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/119

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leurs esprits. S’il lui arrivait de les connaître, sans en être ivre, il ne serait qu’un plat érudit, et s’il en devenait enthousiaste, il se rendrait ridicule. Rien de tout cela, Monsieur, beaucoup de mœurs, de morale !… qu’il sache bien lire, bien écrire ; occupez-le sérieusement à l’étude de sa langue ; il n’y a rien de plus absurde que de passer sa vie à l’étude des langues étrangères et de négliger la sienne… il est né Français, c’est donc un Français qu’il faut faire, c’est-à-dire un homme à peu près bon à tout… »

Telles étaient, à cette époque, les idées qu’avait de l’éducation l’école philosophique.

À un homme du monde tel que M. d’Épinay, les vues de Duclos devaient paraître singulières et bizarres, aussi remarquait-il : « Pas de latin ni de grec, j’y consens. Mais je veux qu’on emploie deux heures par jour à l’étude du violon et deux heures à celle des jeux de société ; il faut qu’il sache défendre son argent : arrangez le reste comme il vous plaira. »

Aucun système d’éducation ne fit autant de bruit et n’exerça une aussi grande influence que celui qu’a tracé Rousseau dans son roman de l’Émile. Jean-Jacques, quand son livre parut, vivait complètement en dehors du cercle des philosophes, dont il affichait de repousser les principes[1]. Il avait

  1. Il importe de remarquer qu’au moment même où l’on signait l’arrêt d’expulsion des Jésuites, l’Émile était condamné, ce qui montre combien Voltaire avait raison de craindre autant les parlementaires que les jésuites.