Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/128

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humeur : la pauvre Jeanneton, sa domestique, était une de ses victimes. Diderot, écrivant à Sophie, s’apitoyait sur le sort de cette brave fille, si vaillante, si dévouée, et pourtant si maltraitée. Quand madame Diderot recevait quelquefois ses connaissances, le Philosophe, par condescendance, s’efforçait d’être aimable avec les invités de sa femme ; or, d’après le tableau qu’il en a retracé, son amabilité était très-méritoire. Rien ne lui était plus antipathique que leurs conversations terre à terre, leurs formules d’une politesse affectée et bourgeoise. « Je n’ai pas pour deux liards de cette monnoie-là, » écrivait-il à Sophie.

L’avoir de Diderot se composait alors, outre son petit pécule de province, provenant de l’héritage paternel, de ce qu’il recevait annuellement des éditeurs de l’Encyclopédie. Par un arrangement qui venait d’avoir lieu, ces libraires s’étaient engagés à lui servir d’abord une rente de quinze cent livres jusqu’à la fin de l’ouvrage, puis trois cent cinquante livres par volume de planches, et trois cent cinquante livres par volume de discours, c’est-à-dire quinze mille francs qui devaient être payés dans l’intervalle de cinq ans. Ce n’était pas là, comme on le voit, pour les besoins de Diderot, et surtout pour les vues qu’il avait sur sa fille, une fortune suffisante. Depuis quelque temps, il cherchait à augmenter ses ressources en vendant sa bibliothèque ; les offres qui lui furent faites à cette occasion, et qu’il refusa, montrent que cette bibliothèque était, pour un amateur, assez consi-