Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/131

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écrit ce fait dans l’histoire, qu’en penseront nos descendants ? N’est-ce pas là un des plus énormes soufflets qu’il était possible de donner au sieur Omer de Fleury, qui nous chassait, il y a un ou deux ans, dans le beau réquisitoire que vous savez ? »

Grâce à la libéralité de la Czarine, le Philosophe était désormais sans souci sur l’avenir de sa famille. Un autre sujet de satisfaction bien plus vif encore pour lui, c’était d’avoir terminé la révision de l’Encyclopédie. Malgré les obstacles de toute sorte, la malveillance de ses ennemis, la lenteur de ses associés[1], il avait l’assurance que, désormais, rien ne pourrait en arrêter la publication. Son contentement éclate dans une lettre à Voltaire : « Incessamment, lui écrivait-il, le manuscrit sera composé, les planches gravées, et nous jetterons tout à la fois deux volumes in-folio sur nos ennemis, » et à mademoiselle Voland, il exprimait son opinion sur les effets de l’Encyclopédie : « Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j’espère que les tyrans, les oppres-

  1. Quand il accuse ses associés de lenteur, Diderot fait une exception en faveur de M. de Jaucourt qu’il loue au contraire de son activité : « Cet homme, écrit-il, est depuis six à sept ans au centre de six ou sept secrétaires lisant, dictant, travaillant treize à quatorze heures par jour, et cette position-là ne l’a pas encore ennuyé. » On trouve, dans une lettre de Frédéric à d’Alembert, quelques détails intéressants sur ce laborieux encyclopédiste : « Il avait étudié la médecine chez Boerhaave ; une de ses parentes avait élevé deux sœurs du roi de Prusse. (Voy. lettre du 23 juin 1777).