de m’être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d’un pays où l’on commet de sang-froid, et en allant dîner, des actes qui feraient gémir des sauvages ivres. Et c’est là ce peuple si doux, si léger et si gai ! Arlequins anthropophages ! je ne veux plus entendre parler de vous. Courez du bûcher au bal, et de la Grève à l’Opéra-Comique ; rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens[1] qu’il fallait mettre six mois à Saint-Lazare ; je ne veux pas respirer le même air que vous. »
Cet horrible procès fut le prétexte d’un redoublement de rigueur contre les encyclopédistes. On feignit d’attribuer aux livres des philosophes, et en particulier aux articles de l’Encyclopédie, que ces jeunes gens n’avaient jamais lus, les actes antireligieux qu’ils avaient commis[2].
Voltaire, craignant pour ses amis, engageait instamment Diderot à quitter la France. Il conjurait le roi de Prusse, avec lequel il avait repris sa correspondance, d’accorder aux encyclopédistes un asile dans ses États. Le grand Frédéric répondait : « … Les dévots, en France, crient contre les philosophes, et les accusent d’être la cause de tout le mal qui arrive. Dans la dernière guerre, il y