Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/151

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réception que me firent à Paris hommes et femmes de tous rangs et conditions. Plus je cherchais à me soustraire à leurs politesses, plus ils m’en accablaient. On éprouve une satisfaction réelle à vivre à Paris à cause du grand nombre de gens cultivés, polis, sociables, dont cette ville abonde plus que toute autre ville de l’univers. J’ai pensé alors à m’y établir pour toute ma vie[1]. »

En 1765, lord Hertford ayant quitté Paris pour aller en Irlande, où il avait été nommé lord lieutenant, Hume fut chargé d’affaires, et c’est avec ce titre que nous le rencontrons dans le monde philosophique à Paris[2]. L’importance de ses fonctions rendrait raison de l’accueil que le penseur écossais reçut à Paris du monde officiel ; mais celui qu’il trouva dans la société des philosophes ne s’explique que par la haute valeur de ses ouvrages. Ses Essais sur l’entendement humain, ses Recherches sur les principes de la morale et ses écrits sur l’économie politique, étaient connus en France de tous ceux à qui les hautes questions philosophiques n’étaient pas indifférentes, et à plus forte raison de l’école encyclopédique et des économistes. On ne saurait douter que Diderot se soit inspiré des travaux de Hume ; mais l’influence du philosophe étranger se fait

  1. Voy. The life of David Hume.
  2. Il écrivait à Robertson : « Je ne mange que de l’ambroisie, je ne bois que du nectar, je ne respire que de l’encens, je ne foule que des fleurs. Tous les hommes et plus encore, toutes les femmes que je rencontre, se croient obligées de faire une harangue à ma louange. »