Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/152

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surtout sentir dans les Lettres de Georges le Roy sur les animaux, et bien plus encore dans les écrits des économistes.

Ses fameux Essais sur l’entendement, dans lesquels il a indiqué les bornes de l’intellect, le but de la science ( « elle doit rapporter directement à l’action et à la société, » ) et les écueils de la métaphysique, en font le précurseur de la philosophie positive, telle que l’a conçue, un siècle plus tard, le génie d’Auguste Comte. Sur l’origine de nos idées, il s’exprime ainsi : « Tous les matériaux de nos pensées sont pris, ou des sens extérieurs, ou du sentiment interne ; la fonction de l’âme consiste à en faire l’assortiment et le mélange, ou, pour parler plus philosophiquement, les idées sont les copies modifiées des impressions, et chaque perception languissante est l’affaiblissement de quelque perception plus vive. Deux raisons suffisent pour nous en convaincre : Premièrement, si nous analysons nos pensées ou nos idées, quelque compliquées, quelque sublimes qu’elles soient, elles se résoudront toujours en un assemblage d’idées simples dont chacune est copiée d’après quelque sentiment ou quelque sensation correspondante. Par une recherche exacte, on ramène à cette origine les idées mêmes qui, d’abord, en paraissent les plus éloignées : telle est l’idée de Dieu, c’est-à-dire d’un être dont l’intelligence, la sagesse et la bonté sont infinies ; elle nous vient en réfléchissant sur les opérations de notre âme, et en donnant une étendue illimitée aux qualités de sagesse et de bienfaisance que nous