Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/157

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ici. Je ne m’attends pas à sa visite ; mais je ne vous cèlerai pas qu’elle me ferait grand plaisir ; je serais bien aise de voir comment il justifierait sa conduite à mon égard. Je fais bien de ne pas rendre l’accès de mon cœur facile ; quand on y est une fois entré, on n’en sort pas sans le déchirer ; c’est une plaie qui ne cautérise jamais bien. Il y a quelque temps qu’il me tomba sous les mains une lettre de lui, où il y a des choses charmantes. Il y disait des prêtres, qu’ils s’étaient constituée juges du scandale, qu’ils excitaient le scandale, et qu’en conséquence du scandale qu’ils avaient excité, ils appelaient ensuite les hommes à leur tribunal, pour y être punis de la faute qu’ils avaient eux-mêmes commise. »

Jean-Jacques, après son départ de Montmorency où nous l’avons laissé, — départ motivé par un décret de prise de corps contre l’auteur d’Émile, en date du 9 juin 1762, — s’était dirigé vers la Suisse, en évitant Genève, où son livre avait été brûlé, et lui-même décrété, le 18 juin, neuf jours après l’avoir été à Paris. Il avait résolu de s’établir à Yverdun, à la sollicitation de M. Roguin, lorsqu’il apprit que le sénat de Berne n’était pas disposé à le laisser en repos dans sa retraite. Genève et la France lui étant fermés, il se trouvait fort en peine pour trouver un refuge, quand madame Boy de la Tour lui proposa d’aller s’établir dans une maison que possédait son fils, au village de Motiers, dans le Val-Travers,

    mais celui-ci ne voulut rien entendre. (Voy. Musset-Pathay. Histoire de J.-J. Rousseau.)