Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/175

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Bordeu, qui avait, à cet égard, des idées bien autrement rapprochées de la vérité. Pour ce dernier, il ne saurait y avoir de sensibilité ou de vie, sans une ébauche d’organisation, et c’est cette vue qui a fourni à Bichat la doctrine des propriétés vitales, considérées comme immanentes aux tissus ; doctrine par laquelle il constituait la biologie. Dans l’Interprétation de la nature, Diderot, parlant d’un livre publié en 1751 sous le nom du docteur Baumann (quoiqu’il fût de Maupertuis), et où le point capital de la thèse était celui-ci : chaque molécule organique est douée « de quelque propriété semblable à ce que nous appelons en nous, désir, aversion, mémoire, » Diderot, disons-nous, écrivait : « Si le docteur Baumann eût renfermé son système dans de justes bornes, il ne se serait pas précipité dans l’espèce de matérialisme la plus séduisante, en attribuant aux molécules organiques le désir, l’aversion, le sentiment et la pensée. » Ce que Diderot entendait faire, en renfermant le système de Maupertuis dans de justes bornes, consistait simplement à remplacer ce qu’on appelle dans les êtres organisés, le désir, l’aversion, le sentiment et la pensée, par une « sensibilité mille fois moindre dans les molécules organiques, et en vertu de laquelle elles se cherchent, se rencontrent, s’adaptent, et finissent par former des combinaisons de plus en plus complexes. » Pour être juste, il convient de remarquer que Diderot n’accordait à cette théorie qu’une valeur hypothétique. Sa lettre à Sophie en fait foi. La seconde partie, le