Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/212

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tait de ne s’être pas fait peindre à Paris ; elle lui demanda s’il n’y était pas du temps d’Oudry[1]. Elle est d’une extrême sensibilité ; elle en a même un peu trop pour son bonheur. Comme elle a des connaissances et de la justesse, elle dispute comme un petit lion. Je l’aime à la folie et je vis entre le prince et sa femme comme entre un bon frère et une bonne sœur[2]. »

Le séjour du Philosophe à la Haye fut pour lui l’occasion d’une foule d’observations qu’il a recueillies dans ses notes intitulées : Voyage de Hollande. Au commencement de cet opuscule, il donne des règles très-judicieuses pour voyager avec fruit. « L’esprit d’observation est rare, dit-il ; quand on l’a reçu de la nature, il est encore facile de se tromper par précipitation. Le sang-froid et l’impartialité sont presque aussi nécessaires au voyageur qu’à l’historien[3].

  1. Célèbre peintre d’animaux. Il a fait les dessins des fables de la Fontaine.
  2. Lettre à Sophie du 22 juillet 1773.
  3. À propos de l’abus des voyages, on trouve, dans une autre lettre, cette réflexion de Diderot : « Pour moi, je n’approuve qu’on s’éloigne de son pays que depuis dix-huit ans jusqu’à vingt-cinq. Il faut qu’un jeune homme voie par lui-même qu’il y a partout du courage, des talents, de la sagesse et de l’industrie, afin qu’il ne conserve pas le préjugé que tout est mal ailleurs que dans sa patrie ; passé ce temps, il faut être à sa femme, à ses enfants, à ses concitoyens, à ses amis, aux objets des plus doux liens. Or ces liens supposent une vie sédentaire. Un homme qui passerait sa vie en voyage, ressemblerait à celui qui s’occuperait du matin au soir à descendre du grenier à la cave, et à remonter de la cave au grenier, examinant tout ce qui embellit ses appartements, et ne