Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/268

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à mes élèves lorsque je résolus de ne m’occuper qu’à la perfection de celle-ci, pour laquelle je ne négligerai rien, quoique j’aie repris la taille-douce au burin.

» Tout le monde avoue déjà que cette méthode de graver les dessins, que je me suis réservée, est la vraie façon propre à bien représenter les différents crayons qui font distinguer chaque manière de nos grands artistes. C’est donc par elle qu’ils peuvent faire voir l’étendue de leurs talents. Je puis en faire convenir l’artiste le plus entêté. Il me suffira de lui mettre entre les mains les crayons, cuivre, papier, etc., préparés ; et, pour peu qu’il veuille en faire usage, je lui prouverai aisément qu’il a fait ainsi une gravure et non un dessin qu’il comptait faire.

» On n’en doit pas pour cela attendre des estampes finies et caressées au-delà de ce que nos anciens ont fait pour la gravure ordinaire. Mais l’avantage précieux qui en résulterait, serait de voir réunir dans ces dessins multipliés par nos savants artistes, les grandes compositions de Piètre Tête, le clair-obscur de Vouet, la force du dessin de Lafage, les grandes expressions de Raphaël et de le Brun, de même que le beau vulgaire de Watteau à ceux de ce temps ; et, sans abaisser l’artiste à l’esclavage auquel entraîne une gravure peignée en une ou plusieurs planches, je les conduirais, s’il fallait, à faire du fini toujours sans outils. Mais l’homme de goût préfère l’esprit au fini. L’ouvrage de bonne main est désiré partout, et préféré aux copies les