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DISCOURS PRELIMINAIRE

qu’on ait donné une édition de l’Explication de d’Aviler qui ne differe en rien de la ſeconde, ſelon l’aveu de l’Editeur, auquel nous devons ces inſtructions. Nous ignorons ce qui a pu priver le public des veilles de cet habile homme ; mais nous ne ſommes que trop certains de la réalité de la perte.

On peut tirer deux conſéquences de tout ceci : la première, que l’Explication des termes d’Architecture, de M. d’Aviler méritoit d’être refondue, corrigée & augmentée, & que perſonne n’y avoit travaillé avant nous : la ſeconde, que nous n’avons rien négligé pour nous procurer des connoiſſances qui puſſent nous mettre en état de former de cette Explication un Dictionnaire digne de l’eſtime des Architectes.

Nous avons dit qu’un Dictionnaire d’art, pour être parfait, doit renfermer, 1°. tous les termes de cet art : 2°. leur définition exacte : 3°. le développement des matières compriſes ſous ces termes : 4°. les opinions ou les méthodes des ſçavans ſur chacune de ces matières : 5°. leur hiſtoire.[1] Nous devions donc nous impoſer cette tâche, lorſque nous formâmes le deſſein de l’ouvrage que nous publions. Celui de M. d’Aviler nous a ſans doute été ici d’un grand ſecours ; & on voit au frontiſpice de ce Dictionnaire, combien nous ſommes jaloux de la gloire qui peut lui en revenir. Mais après le compte que nous venons de rendre de ſon travail, il eſt aiſé de juger quelles connoiſſances nous avons pu en acquerir, pour mettre notre entrepriſe à exécution. Ce ſont les Vitruve, les Perrault, les Blondel, les Vignole, les Goldman, les Palladio, les ſcamozzi, les Deſgodets, les De Lorme, les Chambray, &c. (pour l’Architecture civile), les Léopold, les Gautier, les Bélidor, &c. (pour l’Architecture hydraulique), qui devoient principalement y contribuer. Nous devons trop à ces ſçavans, pour ne pas annoncer tout haut notre gratitude ; & nous ſommes perſuadés que ſi M. d’Aviler vivoit aujourd’hui, plus glorieux encore d’être aſſocié avec ces hommes illuſtres, que de ſa propre réputation, il applaudiroit avec éclat à cette marque de notre ſenſibilité.

Devenus ainſi maîtres de notre ſujet, nous avons formé un nouveau plan : nous nous ſommes donnés l’effor ; & en réuniſſant nos idées dans le point de vûe où nous devions les porter, nous avons reconnu que les termes de Mathématique, de Deſſein, de Peinture, & de ſculpture, qui formoient une portion conſidérable de l’ouvrage de M. d’Aviler, ne devoient entrer dans le nôtre qu’autant qu’ils avoient un rapport immédiat avec l’Architecture ; au lieu que ceux de Jardinage & d’Architecture hydraulique que cet auteur avoit négligés, étoient abſolument eſſentiels à ſa perfection. Pour faire ſentir la néceſſité de cette réunion, nous allons rapporter ce que ne nous en avions

  1. Nous ne croyons pas qu’on puiſſe exiger davantage d’un Dictionnaire d’art. Cependant, pour condeſcendre aux demandes qui nous ont été faites par quelques Architectes habiles, nous avons indiqué à chaque article la qualité du terme, ſubſtantif ou adjectif, ou verbe, avec ſon genre & ſon caractère. Ainſi après le mot de l’article, on trouvera tantôt ſ. m. ou ſ. f. ce qui ſignifie ſubſtantif maſculin, ou ſubſtantif féminin ; ou adj. c’eſt-à-dire adjectif ; ou enfin v. act. paſs. ou n. caractères qui indiquent un verbe actif, paſſif ou neutre. On ſçait que le mot ſubſtantif exprime un objet déterminé ; le mot adjectif, un objet vague, qui indique la qualité d’un objet, & que le mot verbe exprime l’action. ſi cette action eſt dans la puiſſance, c’eſt un verbe actif ; ſi elle eſt dans la choſe, c’eſt un verbe paſſif ; enfin le verbe neutre n’exprime point d’action.
dit