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rée de la Cour principale, & qui ſert pour les écuries, les caroſſes & les gens de livrée.

Baſſe-cour de campagne. C’eſt la Cour entourée de quelques logemens où l’on met tout l’attirail d’une maiſon de campagne, comme ſont les charrues, les beſtiaux, les volailles, les cuves, preſſoirs, &c. Les piéces qui compoſent une Baſſe-cour doivent être conſtruites ſuivant la qualité des revenus de la maiſon. Si ce revenu conſiſte en vins, il faut des celliers & des preſſoirs ; en bleds, des granges ; en foins, des greniers ; en beſtiaux & en moutons, des étables, des bergeries, & une laiterie. Mais quel que ſoit le revenu, une Baſſe-cour a toujours des écuries, des remiſes, des hangars, &c. & toutes ces piéces doivent tenir les unes aux autres, ou du moins n’être pas éloignées.

BASSIN, ſ. m. C’eſt dans un jardin un eſpace creuſé en terre, de figure ronde, ovale, quarrée, à pans, &c. revêtu de pierres, de pavé ou de plomb, & bordé de gazon, de pierre ou de marbre, qui fait l’ornement d’un jardin, ou qui ſert à arroſer. Ordinairement un jet d’eau s’élève au milieu du Baſſin ; & la hauteur de ce jet doit être proportionnée à ſon étendue. Cette étendue n’eſt point abſolument déterminée ; mais ſi elle paſſoit certaines limites, le nom de Baſſin ſe changerait en celui de Piéce d’eau, Canal, Vivier, Réſervoir. A l’égard de la profondeur des Baſſins, on leur donne depuis quinze pouces juſques à deux pieds & demi d’eau, à moins qu’ils ne doivent ſervir de réſervoir, ou qu’on n’y veuille nourrir des poiſſons, auquel cas on leur donne quatre ou cinq pieds de profondeur.

La qualité eſſentielle d’un Baſſin eſt de tenir l’eau, & cette qualité exige bien des précautions & des ſoins. Il faut que la matiere qui tapiſſe ſon fond réſiſte à cet élément, & qu’elle ſoit bien liée pour qu’elle ne laiſſe aucunes fentes ni crevaſſes par où l’eau puiſſe s’échapper. La glaiſe, le ciment & le plomb ſont fort propres pour cela ; & voici comment on les employe.

Baſſin de glaiſe. Lorſque la fouille du Baſſin eſt faite, & qu’on en a terminé & revêtu la forme de pierre ou de marbre, on fait un maſſif de pierre dans le fond. C’eſt ſur ce maſſif qu’on met un lit de glaiſe de dix pouces d’épaiſſeur que des ouvriers, appelles Glaiſeux, apprêtent en courroi, & qu’ils paîtriſſent. Cela fait, on met des planches deſſus cet enduit, en laiſſant néanmoins un eſpace ſans couverture, de dix huit pouces autour du mur de la terraſſe. Cet eſpace eſt deſtiné à ſervir d’aſſiette à un autre mur, qu’on nomme Mur de douve, épais de dix-ſept pouces ou environ. On remplit enſuite de glaiſe le vuide qui reſte entre les deux murs, & le Baſſin de glaiſe eſt conſtruit. Nous devons pourtant avertir de bâtir le mur de terraſſe avec du bon mortier de chaux & de ſable, ſi le Baſſin eſt conſtruit dans un endroit où il y a des arbres, pour empêcher les racines de percer dans le Baſſin.

Baſſin de ciment. Un pied neuf pouces de ciment au-delà de la trace du circuit du Baſſin, & autant dans le fond, ſuffiſent pour retenir l’eau. Ainſi lorſque la fouille eſt faite, on éleve un mur de moilon d’un pied d’épaiſſeur autour du Baſſin ; on en fait le maſſif du fond de même, & on enduit le tout d’une chemiſe de ciment de neuf pouces d’épaiſſeur. Il ne reſte qu’à frotter ce ciment d’huile ou de ſang de bœuf pendant quatre ou cinq jours de ſuite, & le Baſſin eſt fait.

Baſſin de plomb. On donne au mur de terraſſe de ce Baſſin & au maſſif, un pied & demi, & on bâtit ces murs avec du mortier tout de plâtre, parce que la chaux mine le plomb. On aſſure enſuite ſur le dernier mur & le maſſif, des tables de plomb qu’on joint l’une à l’autre avec la ſoudure.

De ces trois manieres de conſerver l’eau dans les Baſſins celle de glaiſe eſt la moins coûteuſe, elle eſt auſſi la moins durable. On conſerve encore l’eau avec de la terre franche & avec du bois goudronné ; mais ces deux moyens ne ſont pratiquables que dans des Baſſins de peu de conſéquence, & qu’on n’eſt pas jaloux de conſerver.