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Page:Avril de Sainte-Croix - Le Feminisme.djvu/46

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Parole à laquelle Théroigne de Méricourt eût peut-être souscrit — en 1793. Oui, Théroigne, « la furie », l’amazone sanguinaire de la légende que les royalistes lui ont fabriquée et qui, jusqu’à présent, a triomphé des efforts de la critique. historique. Celle-ci, en effet, plusieurs fois déjà, mais surtout dans Trois femmes de la Réoolation, a nettement opposé aux calomnies de la légende la vérité tantôt probable, tantôt et souvent certaine ; mais, si une élite de lecteurs sait aujourd’hui à quoi s’en tenir, le public se lîgÀre encore la jolie héroïne sous les traits d’une bacchante de Témeute, lui prêle les attitudes, Fallu re, la voix, le ton et Tâme d une virago superbe, « amante du carnage », comme a dit Baudelaire. Et celte virago est une courtisane ! Et il n’est pas étonnant qu’épuisée à la fois par ses fureurs politiques et par la débauche, elle devienne folle dès 1793 et traîne une longue agonie bestiale dans une cellule de la Salpelrière où elle ne meurl, hélas, qu’en 1817 ! Eh bien, non : Théroigne, telle que rhistoire sérieuse nous la montre, est une petite femme intelligente, au parler doux, que la Révolution éblouit et qui s’y donne, comme une religieuse se donne à Dieu ; elle a mené jusqu’en 178g une existence de femme entretenue, c’est vrai, mais à partir de 1789 elle n’a plus d’amant ; et on ne la voit dans l’émeute qu’au 10 août 1792, jour où elle aurait frappé le pamphlétaire royaliste Suleau (ce qui n’est pas prouvé !) et il faut la plaindre sincèrement, profondément, cette girondine enthousiaste, tuée moralement par les jacobines qui la fouettèrent, de s*étre