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ORNEMENTS EXTÉRIEURS
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on a à énoncer ou à reproduire l’armoirie d’un dignitaire de l’Eglise, qu’il est inutile de décrire ou de copier servilement certains de ces ornements extérieurs. Il est toutefois des règles que l’on ne peut enfreindre, comme par exemple de diminuer ou d’augmenter les glands du chapeau, de donner une crosse à un cardinal non évéque ou à un protonotaire. Les paragraphes suivants feront connaître ces règles.

La forme de l’écu est absolument facultative. On peut conseiller d’employer le plus possible celle dite à la française, écu droit allongé ou carré long, le bas en forme d’accolade. La forme bouclier ou moyen âge « triangle équilatéral avec les côtés incurvés »[1] est gracieuse, mais elle nuit au placement des emblèmes posés en pointe. L’habitude de placer en sautoir sous l’écusson des branches de chêne, d’olivier ou de laurier ne fut qu’une mode chez les graveurs des deux premiers tiers du XIXe siècle ; on trouve cependant ces branches sous des écus prélatices dès 1640. Ils se copiaient les uns les autres, ayant au début voulu figurer par ces rameaux l’emblème de la force et de la paix, ce qui n’est pas l’apanage seulement de l’épiscopat.

§ 1. Couronne, Toque, Casque

COURONNE. — On s’accorde généralement à dire que les évêques français sont les seuls à timbrer leur écu d’une couronne[2]. Qui timbraient serait plus exact, car depuis quelques années il y a tendance à la supprimer. Nos évêques des missions l’ont rarement prise.

Cet usage, qui ne date, croyons-nous, que du XVIIe siècle, vient de ce qu’avant la Révolution la plupart des évêques étaient seigneurs temporels de fiefs plus ou moins importants (des duchés-pairies étaient attachés à de certains sièges) ; d’autres étaient princes, comtes ou barons. On comprend qu’ils aient posé sur leur écu des couronnes. Mais pourquoi leurs successeurs les ont-ils conservées après la Révolution, ou, pour parler plus exactement, les ont-ils reprises à la Restauration, car sous l’Empire ils ne le sommaient que des toques afférentes à leur dignité ? Usage simplement, répond-on, et que n’excuse pas le titre de comte romain, accordé à quelques-uns d’entre eux[3]. Du reste, c’est presque toujours la couronne ducale qui est usitée, à défaut de celle timbrant les armoiries paternelles des prélats s’ils en possèdent et que généralement ils conservent. Je ne connais qu’un exemple du tortil baronnial : il est posé sur l’écusson de Mgr Mando, évêque d’Angoulême. Serait-ce parce que les évêques de cette cité étaient jadis barons de la Paine, fief sis en la ville d’Angoulême ? Le blason de ce prélat représentant le Bon Pasteur, il ne devait pas avoir d’armoiries de famille.

  1. Le Blason héraldique, Manuel nouveau, p. 20, par B. P. Gheusi (Norb. Lorédan), Paris, Firmin-Didot, 1892.
  2. Les princes-évêques de Trente, de Salzbourg, les évéques-comtes de Suse prennent la couronne, et à bon droit.
  3. Il sortirait de notre cadre d’expliquer ces titres de comte romain, assistant au trôné pontifical, etc., accordés par le Saint-Siège à des évêques.