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La seconde, jouant sur les mots et conçue de bizarre façon, est encore plus explicite :

QUID HIC, VIATOR, ASPICIS MORÆ INSCIUS ? NOMEN REQUIRIS CONDITUM NANTIS DOMUS AQUA SUPER RECONDITA. NEQUE HIC LOCUS NAT, SED SCIAS VIROS NANTES HAC IN DOMO. HABEBIT ERGO NOMEN ET RECONDITUM. HOC FONTE NET SIQUIS FUGAX MUNDI MALI.

N. DELESSALOT EX MONSBARRENSI MESPARTU FECIT 1655.

« Que regardes-tu, voyageur impatient de tout retard ? Tu cherches le nom mystérieux de cette maison qui nage sur une onde cachée. Eh bien ! sache que cette maison ne nage pas en réalité, mais que ce sont les hommes qui l’habitent qui nagent. Si, fuyant le monde pervers, tu viens nager dans cette maison, tu sauras son nom, Fontenay. » (Corbolin, ouvrage cité.)

On commença par bâtir une petite église provisoire dédiée à saint Paul, qui a subsisté jusqu’au xvie siècle. Puis, en conformité avec les prescriptions du premier Chapitre de 1119, le monastère est conçu de telle sorte qu’il réunisse dans son enceinte toutes les choses nécessaires à la vie — « de l’eau courante, un moulin, des jardins fruitiers et potagers, des ateliers, etc. » — afin que les religieux n’aient pas de prétextes pour les aller chercher au dehors. Fontenay réalisa donc exactement, dans cette riante vallée, le programme tracé par la constitution de Cîteaux.

Le premier abbé, Godefroy de Rochetaillée (1118-1132), qui avait présidé à l’installation de l’abbaye et établi les premières constructions, ne tarda pas à quitter Fontenay pour se retirer auprès de son ami et parent Bernard, encore abbé de Clairvaux. Sous l’administration de son successeur, Guillaume de Spiriaco (1132-1154), l’abbaye continua à prendre un rapide accroissement et bientôt il fallut songer à la construction d’une nouvelle église et de bâtiments claustraux en rapport avec l’importance de la communauté.

C’est alors qu’en 1139 un prélat anglais, Ebrard, évêque de Norwich, de la grande famille d’Arrundel, abandonna son évêché à la suite de persécutions et vint chercher le repos à Fontenay dans la paix et la solitude. Possesseur de biens considérables, il résolut de les employer aux constructions de l’abbaye et, en particulier, d’une vaste église qui fut achevée en 1147 et dans laquelle