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seigneuriales ou bourgeoises à l’aide de simples vitreries mises en plomb et enrichies, parfois, d’armoiries ou de petits sujets reproduisant des scènes d’amour ou de chevalerie. Ils garnissent de verre les lanternes, les tableaux et les reliquaires. Parfois encore, ils remplissent les fonctions de peintres sur panneaux de bois, sur toile ou sur mur.

La matière première de leur art était encore assez rare et d’un prix tellement élevé que, le plus sourient, on se contentait à Lyon de garnir les châssis ou les fenêtres avec du papier huilé. Cet usage s’est conservé jusqu’au seizième siècle et même au delà, et il était tellement général que les fenêtres du Consulat même n’avaient pas d’autre garniture en 1542.

Une des causes qui rendit, d’ailleurs, l’usage du vitrail plus rare à cette époque, fut la situation précaire de la France, alors ruinée par la guerre de Cent Ans, les soulèvements de la Jacquerie dans le Nord, la peste, etc., conditions peu favorables au développement des arts.

À dater du quatorzième siècle, le vitrail tend à se modifier. Le parti pris de hiératisme du douzième et du treizième siècle disparaît ; le modèle se précise par l’emploi de teintes fondues, imitées de la peinture italienne. Les artistes utilisent des pièces de verre de plus grandes dimensions ; les sujets en médaillons deviennent de plus en plus rares et les figures en pied, isolées, sont encadrées et surmontées d’ornementations connues sous le nom générique d’« architectures ». Ce ne sont plus, déjà, les mosaïques de la précédente époque ; ce ne sont pas encore des tableaux. Ce sont de grandes peintures claires et translucides.

La découverte du jaune de cémentation, obtenu par l’emploi du chlorure d’argent, apporte une grande facilité dans l’exécution en permettant de simplifier la mise en plomb et d’obtenir sur une pièce de verre incolore des effets de jaune d’intensités variées, principalement dans les architectures et les broderies des vêtements : mais ce fut au détriment de la puissance de l’effet décoratif à distance.

Déjà même commencent à apparaître ces procédés de métier destinés à faciliter la main-d’œuvre, qui furent adoptés partout au siècle suivant et dont l’abus contribua à la décadence rapide de l’art du vitrail. La gravure, à l’aide de l’émeri, du burin ou de la molette, des verres de couleur plaqués sur blanc, apporte encore à l’artiste de nouvelles ressources et lui permet d’obtenir des dessins délicats en blanc sur du rouge, du bleu, du vert et du violet, sans recourir au découpage et à la mise en plomb.