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Le quinzième siècle marque une évolution rapide.

Les artistes d’alors se sont déjà affranchis de la direction du maître de l’œuvre et semblent travailler moins pour l’édifice que pour leur propre réputation. Au lieu de ces éblouissantes mosaïques, diaprées des plus vives couleurs et en parfaite harmonie avec la ligne architecturale, ils adoptent, autour des personnages s’enlevant sur de riches draperies damassées. un parti ornemental d’architectures, souvent envahissantes. et où dominent le blanc et le jaune d’argent. Ces architectures ne sont que la reproduction de l’exubérance des pinacles, des clochetons et des gables qui prédominait dans les constructions de cette époque. Elles ont. avec leur ton d’or. une richesse d’orfèvrerie « flamboyante ». Leurs surfaces claires répandent dans l’édifice une lumière plus abondante et rendue plus nécessaire par la vulgarisation de l’office sacré due à l’imprimerie. Le dessin se perfectionne ; les formes sont étudiées sur le corps humain, le modèle des draperies sur nature et, enfin, la perspective va bientôt apparaître dans le vitrail. Mais ce progrès est un danger pour l’art sévère du verrier, et la décadence est proche.

À cette époque, les artistes verriers étaient nombreux dans notre région et nous sommes renseignés sur plusieurs de leurs travaux, dont quelques-uns existent encore. Ils ajoutaient à leurs attributions celle de peintre et, comme les distinctions établies aujourd’hui entre l’artiste, l’artisan et l’ouvrier n’existaient pas, nous les voyons, d’après les comptes de la ville. occupés aux plus humbles besognes décoratives et peignant pour le Consulat des bannières, des arm0iries, des statues et même des ornements d’or sur des vêtements pour les personnages des « mystères » à l’occasion des fêtes publiques et surtout des entrées de souverains.

Grâce aux patientes recherches de MM. Guigue et Natalis Rondot, on a découvert cent-soixante-treize noms de peintres verriers lyonnais dans les archives et les anciens chartreaux de l’impôt, depuis 1350 jusqu’à la fin du seizième siècle. Nous ne rappellerons que les plus connus et, surtout, ceux auxquels on peut attribuer des œuvres qui nous ont été conservées ou décrites.

Pierre Saquerel, souvent désigné sous le nom de Péronnet, succéda comme peintre et verrier de la cathédrale et de l’église Saint-Encans, le 27 mai 1400, à Henry de Nivelle qui avait exécuté la grande rose de la façade[1].

  1. Act. capit. liv. V. fo 186.