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Enfin, les derniers articles contiennent des sanctions pénales en cas de faute et les réserves nécessaires aux droits des veuves, suivant les usages communs à toutes les corporations[1].

La lecture de ces statuts explique amplement comment l’art du vitrail a trouvé, dans une exécution parfaitement soignée en tous ses détails, des éléments de durée qui paraissent inconciliables avec la fragilité de la-matière employée. Jusqu’à l’époque de la décadence, dans la seconde moitié du seizième siècle. on retrouve cette facture consciencieuse dans tous les arts concourant à la décoration architecturale[2].


Dès le début du seizième siècle la révélation de l’art italien, nourri de l’art antique, devait altérer rapidement et profondément l’art français. Les peintres verriers suivirent le mouvement et entrèrent dans une voie nouvelle. Les artistes tendent à se rapprocher de la nature et ne tardent pas à transformer le vitrail en un simple tableau. Le seizième siècle nous a légué des œuvres de tout premier ordre et qu’on n’a pas dépassées depuis. Mais ces œuvres, admirables en elles-mêmes comme perfection du dessin et harmonie de la coloration, ne sont plus les claires-voies éclatantes des époques antérieures, inséparables du monument qu’elles décorent. La composition devient indépendante des contours de la baie : celle-ci n’est plus qu’un cadre et le sujet traverse sans pitié le meneau malencontreux qui gêne son développement.

Les verriers de la Renaissance sont des peintres souvent prestigieux ; sous leur pinceau le modelé, notamment, atteint une perfection suprême. Les procédés techniques bénéficient de certaines améliorations. La récente découverte des propriétés du diamant pour couper le verre et, aussi, l’invention des tire-plombs apportent à l’exécution des facilités nouvelles. Aussi les verriers semblent-ils se jouer des difficultés du métier : ils compliquent les coupes à plaisir et vont jusqu’à incruster, à plombs vifs, des fragments de verre de couleur dans des parties teintées

  1. L’article l2 frappait les délinquants d’une amende de 20 sols tournois pour le premier manquement au règlements et, en cas de récidive fréquente, les remettait entre les mains de l’officialité épiscopale. Les amendes étaient curieusement réparties : la moitié étant attribuée au Cardinal-Archevêque. et l’autre partagée entre la confrérie et les maîtres. L’entrée en apprentissage rapportait une demi-livre de cire à la confrérie.
  2. Au nombre des maîtres qui ont sollicité de Charles VII la confirmation des statuts de leur corporation, nous retrouvons plusieurs des maîtres peintres, verriers et imagiers de Saint-Jean : Jean Prévost, Pierre de la Paix, dit d’Aubenas, Hugonin Navarre. (Ordonnances des Rois, t. XX, p. 562.)