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EN PRISON À BERLIN

L’Allemagne rejette la proposition anglaise de limiter de part et d’autre l’armement naval, enfin de faire une halte. — Convaincue à ce moment, que son immense machine militaire était non-seulement invincible, mais irrésistible dès le premier choc, elle s’applique fiévreusement à se rendre également intangible du côté de la mer, en donnant un essor inouï à sa construction navale.

Tout est prévu en cas de conflit : l’Angleterre sera tenue en respect, peu importe par quel moyen, l’alliance franco-russe sera annihilée en quelques semaines, et ce sera l’affaire de quelques jours supplémentaires, pour assurer à l’Allemagne la domination continentale. De là à l’hégémonie universelle, il n’y aurait plus qu’un pas.

Voilà ce que ruminait la caste militaire : c’est-à-dire le Kaiser, le Kronprinz, et les 400,000 à 500,000 officiers, fonctionnaires et civils, — tous rudement bottés et éperonnés, — recrutés dans la noblesse, la haute société, les professions, et le peuple instruit.

La foule, elle, la masse, s’endormait chaque soir convaincue que des ennemis s’apprêtaient à fondre sur elle sournoisement.

La grande préoccupation du gouvernement de 1908 à 1914, a été de faire éclater la guerre sans que l’Allemagne parût l’avoir provoquée.

Mais, comme nous le répétait si souvent ce brave Suisse, M. Hintermann, interné avec nous, les finesses allemandes sont cousues de gros fil blanc. Et