Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/17

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son cœur les affections les plus douces ; il n’était pas moins tendre ami que citoyen dévoué.

Ces derniers mots suffiront pour justifier cette digression, qui d’ailleurs ne peut déplaire aux vrais patriotes. Ils n’ont jamais plus regretté Manuel que depuis la révolution de Juillet, en dépit de quelques gens qui peut-être répètent tout bas : Sommes-nous heureux que celui-là soit mort !

Il est temps de jeter un coup d’œil général sur mes chansons. Je le confesse d’abord : je conçois les reproches que plusieurs ont dû m’attirer de la part des esprits austères, peu disposés à pardonner quelque chose, même à un livre qui n’a pas la prétention de servir à l’éducation des demoiselles. Je dirai seulement, sinon comme défense, au moins comme excuse, que ces chansons, folles inspirations de la jeunesse et de ses retours, ont été des compagnes fort utiles, données aux graves refrains et aux couplets politiques. Sans leur assistance, je suis tenté de croire que ceux-ci auraient bien pu n’aller ni aussi loin, ni aussi bas, ni même aussi haut, ce dernier mot dût-il scandaliser les vertus de salon.

Quelques unes de mes chansons ont été traitées d’impies, les pauvrettes ! par MM. les procureurs du roi, avocats-généraux et leurs substituts, qui sont tous gens très-religieux à l’audience. Je ne puis, à cet égard, que répéter ce qu’on a dit cent fois. Quand, de nos jours, la religion se fait instru-