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Léandre me fait lui prêter
De l’argent, qu’il rend Dieu sait comme !
Jean, qui travaille et sait compter,
S’aperçoit qu’on touche à sa somme.
Hier il dit qu’on l’a volé ;
Moi, du trésor je prends la clé.
            Vli, vlan, taisez-vous ;
Plus d’argent pour vous, petit homme !
            Vli, vlan, taisez-vous ;
Je me venge de deux époux.

Léandre un soir était chez moi :
À neuf heures mon mari frappe.
Je n’ouvris point, l’on sait pourquoi ;
Mais, à minuit, Léandre échappe.
Il gelait, et Jean morfondu
À la porte avait attendu.
            Vli, vlan, taisez-vous ;
Quoi ! monsieur croit-il qu’on l’attrape ?
            Vli, vlan, taisez-vous ;
Je me venge de deux époux.

Mais à mon tour je le surpris
Avec la vieille Pétronille.
D’un doigt de vin il était gris ;
Il la trouvait fraîche et gentille.
Sur ses deux pieds il se dressait,
Et le menton lui caressait.
            Vli, vlan, taisez-vous ;
Vous sentez le vin et la fille ;
            Vli, vlan, taisez-vous ;
Je me venge de deux époux.