Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/296

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Content comme un gueux, j’ m’en allais,
        Quand un seigneur m’arrête,
Et m’ donn’ l’emploi, dans son palais,
        D’un p’tit chien qu’il regrette.
            Le chien sautait bien,
            J’ surpasse le chien ;
        Plus d’un envieux en gronde.
            N’ saut’ point-z à demi,
            Paillass’ mon ami :
        Saute pour tout le monde !

J’ buvais du bon, mais un hasard,
        Où j’ n’ons rien mis du nôtre,
Fait qu’ monseigneur n’est qu’un bâtard
        Et qu’il en vient-z un autre.
            Fi du dépouillé
            Qui m’a bien payé !
        Fêtons l’autre à la ronde.
            N’ saut’ point-z à demi,
            Paillass’ mon ami :
        Saute pour tout le monde !

À peine a-t-on fêté c’lui-ci,
        Que l’ premier r’vient-z en traître ;
Moi qu’aime à dîner, Dieu merci,
        J’ saut’ encor sous sa f’nêtre.
            Mais le v’là r’chassé,
            V’là l’autre r’placé.
        Viv’ ceux que Dieu seconde !
            N’ saut’ point-z à demi,
            Paillass’ mon ami :
        Saute pour tout le monde !