Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/325

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        Dans cette auberge qui ne s’ouvre
        Que pour des passants couronnés.
        On rit du fou qui sur sa lyre
        Chante à la porte en demandant.
Lisette a seule le droit de sourire
Quand je lui dis : Je suis indépendant,
        Je suis, je suis indépendant.

        Toute puissance est une gêne :
        Oh ! d’un roi que je plains l’ennui !
        C’est le conducteur de la chaîne ;
        Ses captifs sont plus gais que lui.
        Dominer ne peut me séduire ;
        J’offre l’amour pour répondant.
Lisette seule a le droit de sourire
Quand je lui dis : Je suis indépendant,
        Je suis, je suis indépendant.

        En paix avec ma destinée,
        Gaîment je poursuis mon chemin,
        Riche du pain de la journée
        Et de l’espoir du lendemain.
        Chaque soir, au lit qui m’attire
        Dieu me conduit sans accident.
Lisette seule a le droit de sourire
Quand je lui dis : Je suis indépendant,
        Je suis, je suis indépendant.

        Mais quoi ! je vois Lisette ornée
        De ses attraits les plus puissants,
        Qui des chaînes de l’hyménée
        Veut charger mes bras caressants.