Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reprochera l’anglomanie : mais cela ne suffit pas. Pourquoi, par exemple, vous être fait l’apôtre de certains principes d’indépendance qu’il vaudrait mieux combattre ?

COLLÉ

J’entends de quelles idées vous voulez parler. Combattre ces idées, monsieur ! il n’y aurait pas plus de mérite à cela qu’à faire en Prusse des épigrammes contre les capucins. Ne trouvez-vous pas même que la plupart de ceux qui attaquent ces idées, qui peut-être au fond sont les vôtres, ressemblent à des aveugles qui voudraient casser les réverbères ?

LE CENSEUR

Je suis de votre avis, si vous voulez dire qu’ils frappent à côté. Mais revenons à vos chansons. Tout le monde rend justice à la loyauté de votre caractère, à la régularité de vos mœurs ; et je pense qu’il sera aisé de vous convaincre du tort que vous feraient certaines gaillardises que je vous engage à faire disparaître de votre recueil.

COLLÉ

C’est parce que je ne crains point qu’on examine mes mœurs que je me suis permis de peindre celles du temps avec une exactitude qui participe de leur licence[1].

  1. Plusieurs de ces raisonnements se retrouvent dans une note piquante et spirituelle placée en tête du recueil complet des chansons de Collé, publié par M. Auger, censeur, et membre de l’Académie Française.