Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/88

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Gagne à cela de bons coups.
Oui, fiez-vous à mon âge :
Colin deviendra volage ;
Craignez, si vous n’êtes sage,
De pleurer sur vos appas…
Grand Dieu ! que viens-je d’entendre ?
C’est le bruit d’un baiser tendre ;
Lise, vous ne filez pas.

C’est votre oiseau, dites-vous,
C’est votre oiseau qui vous baise ;
Dites-lui donc qu’il se taise,
Et redoute mon courroux.
Ah ! d’une folle conduite
Le déshonneur est la suite ;
L’amant qui vous a séduite
En rit même entre vos bras.
Que la prudence vous sauve…
Mais vous allez vers l’alcôve ;
Lise, vous ne filez pas.

C’est pour dormir, dites-vous.
Quoi ! me jouer de la sorte !
Colin est ici, qu’il sorte,
Ou devienne votre époux.
En attendant qu’à l’église
Le séducteur vous conduise,
Filez, filez, filez, Lise,
Près de moi, sans faire un pas.
En vain votre lin s’embrouille ;
Avec une autre quenouille,
Non, vous ne filerez pas.