Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/237

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        La colombe d’Anacréon,
        Dans la coupe de ce barbon,
Buvait d’un vin père de la chanson.
                Narguant des lois sévères,
                Troubadours et trouvères
Au nez des rois vidaient gaîment leurs verres.

        Toi qui fais de religion
                Parade à chaque rime,
                Qui sur la double cime
        Fais grimper la procession,
                        Ta muse en masque
                        Est lourde et flasque :
Mais qu’un tendron te tire par la basque,
        Tu lui souris ; et le bon vin
        Pour toi ne vieillit pas en vain,
Beau joueur d’orgue au service divin.
                Narguant des lois sévères,
                Troubadours et trouvères
Au nez des rois vidaient gaîment leurs verres.

        Toi qui prends Boileau pour psautier,
                Du joug je te délie.
                Veux-tu, près de Thalie,
        De Regnard être l’héritier ?
                        De cette muse
                        Parfois abuse ;
Enivre-la ; Molière est ton excuse.
        Elle naquit sur un tonneau :
        Pour lui rendre un éclat nouveau,
Puise la joie au fond de son berceau.
                Narguant des lois sévères,