LE BON DIEU
Un jour, le bon Dieu s’éveillant,
Fut pour nous assez bienveillant.
Il met le nez à la fenêtre :
« Leur planète a péri peut-être. »
Dieu dit, et l’aperçoit bien loin
Qui tourne dans un petit coin.
Si je conçois comment on s’y comporte,
Je veux bien, dit-il, que le diable m’emporte,
Je veux bien que le diable m’emporte.
Blancs ou noirs, gelés ou rôtis,
Mortels que j’ai faits si petits,
Dit le bon Dieu d’un air paterne,
On prétend que je vous gouverne ;
Mais vous devez voir, Dieu merci,
Que j’ai des ministres aussi.
Si je n’en mets deux ou trois à la porte,
Je veux, mes enfants, que le diable m’emporte,
Je veux bien que le diable m’emporte.
Pour vivre en paix, vous ai-je en vain
Donné des filles et du vin ?