Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chansonnier joyeux comme Maître Adam, Panard et Collé ; il vit en lui un homme qui devinait ses pensées, connaissait ses besoins, avait foi en ses espérances, parlait le langage de ses désirs ; un homme enfin qui l’avait compris.

Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui.

Dès ce jour, la sympathie populaire fut acquise à Béranger. Il se trouva qu’en le mettant en cause, on avait aussi attaqué nombre d’amis d’une douce tolérance, d’une sage liberté et d’une fraternelle philanthropie ; les condamnations qu’il subit, les arrêts dont il fut l’objet, atteignirent en quelque sorte plus d’une personne qui, à part l’admiration qu’inspire un beau génie, serait d’ailleurs restée indifférente à son égard. Les atteintes qu’il reçut pour la cause qu’il avait embrassée le rendirent cher à tous.

Dans les Procès qui suivent on trouve des détails sur le caractère privé du poëte, des renseignements sur certaines circonstances de sa vie, des appréciations sous divers points de vue de son talent, qui ne sont bien à leur place que là. En voyant l’intérêt qui s’attache à l’accusé, l’honorable cortège qui l’entoure, l’empressement des avocats à le défendre, les formes mêmes qu’emploie le magistrat accusateur en l’attaquant, on comprend qu’il s’agit d’un homme de conscience et de talent, d’un génie élevé, d’un cœur probe et droit ; car il fallait tout cela pour commander l’admiration et le respect à des opinions aussi différentes.

Si les Procès de Béranger sont intéressants et utiles pour bien apprécier en lui et l’homme politique et le poëte national, ils présentent encore un autre intérêt, qui n’est pas non plus sans instruction. Béranger a été successivement défendu par trois des hommes distingués du barreau moderne ; deux de ses avocats étaient ses