Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/186

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séminaire, cette école des vertus sacerdotales, cette institution réparatrice des persécutions de l’église, n’est qu’un hôpital érigé aux enfants trouvés du clergé. Nous ne parlerons pas davantage de plusieurs chansons dirigées contre les Missionnaires[1], chansons tellement virulentes, qu’il ne faut pas s’étonner si, après les avoir lues, ceux qui ne se sentent pas l’esprit d’en faire autant, veulent au moins lancer des pétards aux orateurs d’une religion que la Charte déclare religion de l’État. Mais ce que nous ne pouvons taire, ce sont les impiétés accumulées dans la chanson intitulée les Capucins[2].

« Il faut avoir des ressentiments bien opiniâtres pour attaquer ces humbles serviteurs de l’humanité, aujourd’hui qu’ils sont ensevelis sous les ruines de leurs cloîtres déserts. À peine leur souvenir vit-il encore dans quelques chaumières où ils venaient, il y a bien longtemps, parler de Dieu à ceux qui mouraient, et partager le pain qu’ils tenaient de la charité. Pauvres et n’ayant rien possédé ici-bas, ils ont quitté ce monde sans avoir aucun compte à rendre : pourquoi donc poursuivre leur mémoire au-delà de l’exil ou du martyre ? Au surplus, ce ne sont pas eux qu’il s’agit ici de venger. Que par amour pour la tolérance, l’impiété persécute ces ordres religieux, coupables d’avoir, en ouvrant aux cœurs souffrants des asiles de paix, différé le grand siècle des lumières : elle le peut sans doute ; mais qu’elle confonde sous ces atteintes l’autel avec le monastère, et la religion avec les ministres ; c’est là ce que la France alarmée ne vous permet pas d’excuser, et c’est ce que fait le prévenu dans la chanson qu’on vous dénonce. »

  1. Tome II, page 7.
  2. Tome I, page 267.