Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/204

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services rendus à la patrie, l’amour de la liberté !…

« Un auteur, dit-on, se peint dans ce qu’il écrit.

« Nous trouvons le caractère de Béranger dans ses ouvrages ; indépendant par caractère, pauvre par état, content à force de philosophie ; n’attaquant que le pouvoir et ses abus, et du reste, pouvant dire de lui ce que bien peu de gens aujourd’hui pourraient dire d’eux-mêmes : Je n’ai flatté que l’infortune.

« Sa première chanson politique fut le Roi d’Yvetot… Cette chanson, dirigée contre Napoléon, au plus haut point de sa puissance, eut une grande vogue à Paris, surtout au faubourg Saint-Germain, où l’on avait du moins conservé le courage de rire à huis clos.

« Napoléon, qui savait bien, a-t-on dit, que du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas, Napoléon eut le bon sens de ne pas se reconnaître dans cette chanson. L’auteur ne fut pas poursuivi par les procureurs alors impériaux, aujourd’hui royaux ; il ne fut pas même destitué par l’Université, tout impériale qu’elle était.

« Les chansons de Béranger s’étaient accrues au point de former un volume. En novembre 1815, le sieur Poulet, imprimeur, fit à la direction de la librairie la déclaration qu’il allait les imprimer sous le titre de Chansons morales et autres.

« Elles parurent, et n’excitèrent aucune poursuite en 1815 ; la fureur même de 1816 ne produisit aucun réquisitoire ; et l’auteur continua de garder sa place.

« De nouvelles chansons sont venues depuis augmenter les premières et fournir la matière d’un second volume. Le premier était épuisé : les pièces composées récemment étaient dans toutes les mé-