Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/209

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blié en 1815 ; c’était donc en 1815 qu’il eût fallu le destituer ; car alors, apparemment comme aujourd’hui, il était défendu d’offenser la morale… Mais l’auteur n’avait pas encore fait cette foule de chansons politiques, antiministérielles et antijudiciaires, qui seules ont irrité contre lui ; il n’avait pas encore célébré, dans ses vers, les missionnaires, les capucins, et tous ceux qui disent à l’envi l’un de l’autre :


Éteignons les lumières
Et rallumons le feu.


C’est là surtout ce qu’il ne faut pas perdre de vue.

« Quant aux formes de la destitution, elles ont, il faut en convenir, été très gracieuses ; il est impossible de renvoyer quelqu’un d’une manière plus polie : les termes du congé valent presque un certificat pour se présenter ailleurs. Laissons parler l’organe de l’Université : « Le conseil juge, monsieur, que, d’après les avis qui vous avaient été donnés précédemment, vous avez de vous-même renoncé à l’emploi que vous occupez dans l’administration, lorsque vous vous êtes déterminé à la publication de votre second recueil. — Recevez l’assurance de ma parfaite considération[1]. » (Éclats de rire universels.)

M. le président : J’ai déjà prévenu l’auditoire qu’au moindre rire, au moindre manque de respect, je ferais évacuer la salle ; je répète que je remplirai le devoir que la loi m’impose.

M. Dupin : Cela peut me troubler moi-même, et l’on me rendra service en ne riant pas.


« Mais oublions la destitution, pour revenir au ré-

  1. Et, jusqu’à je vous hais, tout se dit tendrement.