Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/219

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même que tant soit peu équivoque ; mais, au moins, je l’absous du reproche de criminalité. Il ne s’agit pas de décerner l’éloge, mais de repousser la culpabilité. Or, je soutiens qu’on ne doit regarder comme un outrage aux bonnes mœurs, dans le sens légal, que les obscénités, et non les idées voluptueuses gazées avec art.

« Il vaut mieux éviter toute licence. Mais lorsqu’il s’agit uniquement de savoir si un auteur a franchi les bornes permises, à défaut de régies précises et de limites clairement posées, on peut invoquer des exemples, surtout s’ils sont empruntés à des auteurs qu’on n’oserait pas taxer d’immoralité.

« Ouvrez donc les Œuvres de Bernis ; lisez ses pièces intitulées le Soir, le Matin, la Nuit (pièces pour lesquelles je n’affirme pas qu’il ait été nommé cardinal, mais enfin qui ne l’ont pas empêché de l’être presque aussitôt après leur première édition), et voyez si, dans les chansons de Béranger, il y a rien d’approchant, rien de comparable aux gaîtés qui se font remarquer dans les chansons de l’un des princes de l’église romaine !

« Le duc de Nivernais, homme d’esprit, homme de cour, l’un des plus grands seigneurs de l’ancien régime, a-t-il eu à rougir de sa Gentille boulangère et de ses petits pains au lait ? Et pourtant cette chanson fut faite pour une tête couronnée !

« Et cette autre chanson si connue de la ville et de la cour : J’ai vu Lise hier au soir !

« Enfin, je pourrais aller chercher des exemples encore plus haut, et citer le spirituel auteur du couplet qui commence par ce vers....., resté dans toutes les vieilles mémoires. Si je ne nomme point cet auteur, ce n’est pas que je craigne de le compromettre, il ne court aucun risque ; la prescription est acquise