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L’ALCHIMISTE z


Air de la Bonne vieille ; ou d’Aristippe (Air noté )


Tu vas, dis-tu, vieux et pauvre alchimiste,
Tirer de l’or des métaux indigents,
Et, faisant plus pour moi que l’âge attriste,
Me rajeunir par de secrets agents.
J’ouvre ma bourse à ta science occulte.
Mon cœur crédule au grand œuvre a recours.
Chacun pourtant conservera son culte.
Tout l’or pour toi, mais rends-moi mes beaux jours.

Sur ce brasier souffle donc en silence,
Ou d’un vieux livre interroge les mots a*.
Ton art est sûr ; le Pactole et Jouvence
Dans ce creuset vont marier leurs flots.
L’œil sur ce feu, que tu rêves de choses !
Vois-tu déjà le sourire des cours ?
Moi, pour mon front je n’attends que des roses.
Tout l’or pour toi, mais rends-moi mes beaux jours.

Ivre d’espoir, quel délire t’égare !
« Ô rois, dis-tu, baisez mes pieds poudreux.
« J’aurai plus d’or que Cortez et Pizarre
« N’en ont conquis pour d’autres que pour eux. »