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de ma mère, chez qui elle travaillait, entrèrent dans un couvent. J’opposai de sages réflexions au parti que Sophie voulait prendre à vingt-deux ans, pensant que sa détermination ne venait que de la crainte de m’être, un jour, à charge ; mais elle persista et n’a eu qu’à s’en applaudir, ainsi que sa vieille tante. Elles ont trouvé, dans le cloître, une sécurité et un repos que le monde leur eût difficilement donnés.

À la formation de l’Université impériale[1], Arnault

    barras. Ah ! si je n’avais point à remplir d’autres devoirs, je fuirais d’un pays où je ne suis revenu que pour être en proie aux tourments, aux injustices et aux regrets. J’irais auprès de vous tous, mes amis, retrouver quelque tranquillité. Ah ! je n’y porterais plus la même gaieté. J’ai pour longtemps à souffrir, et mon cœur est trop ulcéré. » (Correspondance, tome I, p. 68.)

    * Adélaïde Paron, fille de Marie-Marguerite-Adélaïde Béranger, sœur du père de notre poëte, et de François Paron, boulanger à Péronne. Adélaïde Paron était née le 22 janvier 1777 ; elle est morte à la fin de l’année 1812.

    ** Béranger avait à se plaindre de son père ; il n’avait à attendre que des ennuis de son héritage ; il n’avait que de l’argent d’emprunt pour subvenir à toutes les dépenses de la maladie et de l’inhumation ; mais il se conduisit aussi honorablement que possible et voulut que son père eût de justes funérailles. C’est ainsi que l’on a trouvé dans ses papiers divers reçus datés de cette époque. L’un, de la Ville de Paris ; c’est une quittance de frais d’inhumation donnée le 2 janvier 1809. La somme est de 40 francs. L’autre est un reçu signé Poirot, prêtre, receveur des convois, de 78 francs, pour les frais du service religieux fait le 3 janvier en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Un autre, des Pompes funèbres, monte à 147 francs. À ces reçus, il faut joindre une quittance de 60 francs, signée le 4 février 1869, par Balluet, docteur en chirurgie, et une autre quittance de 48 francs, signée le 6 janvier, par Demolle, docteur en médecine. C’est un total de près de 400 francs qui représentent presque 700 francs d’aujourd’hui. Béranger, aidé par ses amis, sut donc remplir jusqu’au bout et largement ses devoirs.

    Un bordereau d’adjudication, trouvé avec les reçus et quittances dont il vient d’être fait mention, prouve qu’il acheta la montre et les matelas de son père à la vente après décès qui eut lieu le 18 janvier dans la maison paternelle. Le père de Béranger logeait alors de sa personne dans une chambre du cinquième étage, rue Saint-Thomas-du-Louvre, no 19. Voici le commencement de l’acte de décès.

    Ville de Paris. Premier arrondissement, — « Extrait du registre des actes de décès de l’an 1809. Du 2 janvier mil huit cent neuf, à une heure du soir, acte de décès de monsieur Jean-François de Béranger de Mersix, décédé à neuf heures du soir, rue Saint Thomas, no 19. Présent Pierre-Jean de Béranger, âgé de vingt-huit ans, homme de lettres, » etc.

  1. La loi d’institution est du 10 mai 1806 ; mais l’Université nou-