Page:Béranger - Ma biographie.djvu/242

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Mais Manuel jeune sut si bien faire, que, malgré la renonciation, il parvint toujours à remplir les intentions du testateur et même à les dépasser de beaucoup. Comme sa position personnelle s’est améliorée, j’ai cessé d’opposer des chicanes aux procédés de cet excellent ami, dont l’attachement pour moi égale celui que j’ai conservé pour la mémoire de son illustre frère.

Si cette mort ne rompit point mes rapports avec les chefs du parti libéral, dont quelques-uns d’ailleurs étaient devenus mes amis personnels, comme Dupont (de l’Eure) et Laffitte, elle me fit un plus grand besoin des relations avec la jeunesse, dont les idées plus larges et plus généreuses s’accordaient mieux avec ma manière de voir et de sentir. Je l’éprouvai bien en 1828, à la publication de mon quatrième volume. Le ministère Martignac ayant amené une espèce de trêve et produit même un pacte entre grand nombre des membres du côté gauche[1] et des centres, on voulut m’empêcher de publier ce volume, dont l’apparition menaçait, disait-on, de troubler l’accord apparent de ces messieurs.

Plus on me prêcha le silence, plus je sentis la nécessité de le rompre, en protestant ainsi, à ma

  1. Voir la lettre de Benjamin Constant, citée précédemment, et dans la Correspondance, la lettre clxviii, du tome Ier, à M. Vaissière, et la lettre de M. de Pradt.