Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/126

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Car, entre le Mont et la terre ferme, les Marais forment vraiment un golfe de terres coulantes et d’eaux croupies qui, pour le commerce et les relations d’autrefois, tenait le même rôle qu’aujourd’hui le golfe d’Algésiras entre le Rock des étrangers et la côte des indigènes.

Ces étrangers, aux temps homériques, n’étaient pas des Hellènes : les marines grecques ne fréquenteront ces eaux italiotes qu’un ou deux siècles plus tard. Les Achéens d’alors ne dépassaient pas le détroit d’Ithaque vers le Couchant.

Deux des mots les plus importants du texte odysséen renvoient, ici encore, aux parlers sémitiques.

La plante salutaire, dont Hermès munit Ulysse contre les maléfices de Circé, est appelée molu par les dieux, nous dit le Poète. Ce mot n’est pas grec : il ne se rencontre en aucun autre texte de la littérature antique ; il n’est même pas de la langue des hommes ; il appartient à celle des dieux. L’Écriture donne le nom de m.l.ou.h à une plante des sables, dont les pauvres gens font parfois un mets, — une salade, dirions-nous : la racine sémitique m.l.h, en effet, signifie sel. En grec, l’équivalent exact est halimos, et la plante ainsi désignée est notre atriplex halimus, appelé communément pourpier de mer et qui se mange en salade ou confit