Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/39

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Les chars achéens, de même, s’étaient rapidement transformés. Ils n’étaient à l’origine que le lourd et simple chariot du cultivateur ou du nomade : sur un essieu de bois et des roues de bois plein, une caisse en bois était traînée par une ou deux paires de bœufs et chargée des ustensiles, provisions, femmes et enfants de la tribu ; la Macédoine ottomane de notre xixe siècle avait encore ces arabas rustiques. Mais, dès le xiiie siècle avant J.-C., dès le xive peut-être, l’Achéen avait adopté le léger, rapide et métallique char de guerre, semblable de tous points aux chars de Pharaon, que nous décrit G. Maspero en son Histoire ancienne (II p. 215-218) :

L’armée de Pharaon s’était adjoint, depuis l’invasion des Pasteurs, une troupe nouvelle : la charrerie, qui répondait à peu près à notre cavalerie comme emploi tactique et comme efficacité. Les chars étaient, à l’origine, de provenance étrangère, asiatique. Mais les Égyptiens avaient appris à les fabriquer plus élégants, sinon plus solides que leurs modèles. La légèreté en était la qualité maîtresse : chaque homme devait pouvoir emporter le sien sur ses épaules…

Les Asiatiques s’installaient à trois sur un même char : les Égyptiens n’y montaient jamais que deux, le gendarme, sinni, qui combattait, et l’écuyer, gazana, qui maniait le bouclier pendant l’action… Le gendarme avait le pas sur l’écuyer, et tous deux se considéraient comme supérieurs au fantassin ; de fait, la charrerie