Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 1.djvu/44

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Le pouvoir de Pharaon et son empire thébain, grandement déchus après les dernières victoires de la XIXe dynastie, ont achevé de s’effondrer avec les malheurs de la XXe (1200-100 avant J.-C.). Thèbes néanmoins reste la cité la plus célèbre et la plus riche du monde ; cette « ville de l’or » attire encore les regards et les convoitises des Achéens, comme la Byzance dorée des porphyrogénètes attirera durant trois siècles les expéditions des Normands. Mais, comme Byzance plus tard, Thèbes est alors réduite à défendre son territoire, son passé, sa langue même, contre ces étrangers qui se présentent en amis, en alliés, en serviteurs, et qui la pénètrent pacifiquement ; elle est peuplée de Sémites, de Libyens, de Nègres, mercenaires, négociants, soldats, aventuriers, gens de sac et d’épée ou de traite et de magie, qui entrent dans l’armée et dans les bureaux de Pharaon et s’élèvent aux plus hauts emplois ; combien de Joseph ont ainsi conquis la confiance du Maître !

Combien de seigneurs achéens ont dû, avant et après Ménélas, « monter » et séjourner de longs mois, de longues années, dans cette capitale de la civilisation ! combien de corsaires, pirates et négriers achéens ont renouvelé les exploits de ces Peuples de la Mer, dont Minephtah (1234-1224) s’était flatté d’avoir détruit l’engeance et qui, tout au long de l’histoire