Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

étaient disposés, pour la plupart, comme ceux de l’Énéide ou des épopées alexandrines et romaines. Les plus vieux papyri sont d’un temps où l’épos se récitait encore à haute voix dans les festins, se jouait peut-être encore devant la foule ou devant quelques amateurs attardés aux conceptions et plaisirs d’autrefois. L’épos de ces papyri est disposé à la mode archaïque, comme une suite théâtrale de dialogues, de monologues et de récitatifs, comportant les mêmes répartitions et alternances de rôles que la tragédie et la comédie. Les papyri portent les marques de ces alternances, — « interlocutions », disent les paléographes.

L’un d’eux, le papyrus Bankes, aurait dû, dès 1860, mettre en éveil nos éditeurs d’Homère. Dès 1892, surtout, les avertissements du philologue genevois, Jules Nicole, auraient dû réformer la manière dont nous présentons Homère aux générations nouvelles. Ces avertissements n’ont pas encore été écoutés : nous en restons à la routine de Byzance et de Rome. Jules Nicole écrivait en 1892 :

Les « interlocutions » des Anciens, — mises à la marge pour distribuer le texte d’un dialogue entre les différents personnages, — avaient leur place la plus naturelle dans les manuscrits des poètes dramatiques, où on les trouve en effet, tantôt donnant les noms des personnages, tantôt marquant d’une simple barre