Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/128

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formules pour tous les actes de la vie, l’usage des épithètes invariables et des périphrases consacrées. Sans la tradition, une œuvre de cette envergure ne se peut concevoir, de même que, sans le génie, on aboutit à une versification banale.

Plus on lit l’Odyssée, plus on se convainc qu’il a fallu de longs siècles d’essais pour éduquer ainsi et la langue épique et les écrivains qui en usaient, surtout pour dresser à toutes les besognes du théâtre cet hexamètre qui, durant 12.000 et 13.000 vers, garde la même régularité rapide dans l’allure, la même aisance dans la démarche et la même noblesse dans la simplicité :

Homère représente la maturité et non l’enfance d’un âge poétique, — ajoutait M. Bréal. — Nous n’en pouvons douter, quand nous voyons l’hexamètre, du commencement à la fin, être la forme invariablement adoptée. Entre les divers mètres que nous offre la poésie grecque, l’hexamètre est l’un des plus sévèrement réglés. La place des longues et des brèves y est fixée à l’avance, une assez petite part étant laissée à la liberté du poète. Non moins rigoureuses sont les lois de la prosodie. Le principe qu’une longue vaut deux brèves a évidemment quelque chose d’arbitraire. Non moins conventionnel est celui qui veut que deux consonnes consécutives allongent la syllabe. Si nous prêtons l’oreille à des poésies vraiment sorties du peuple, nous y rencontrons une variété de mesures et de rythmes, des allongements, des raccourcissements,